Équilibre entre clarté linguistique et évolution de la langue

Organisme vivant et dynamique, la langue oscille constamment entre nécessité de se conformer à des règles fondamentales, qui assurent son intelligibilité et l’efficacité de la communication, et désir de s’adapter aux changements sociaux et culturels. Cette dichotomie, comme le souligne le philologue Rafael Ángel Herra, est le reflet d’un conflit apparent. Cet article examine comment les règles linguistiques fondamentales et les débats actuels sur la langue inclusive illustrent cette tension entre norme et innovation.

La grammaire, la syntaxe et la ponctuation constituent les piliers indispensables à la clarté de la langue. Ces règles, que Rafael Ángel Herra décrit comme « implacables », ne sont pas arbitraires : elles garantissent l’intelligibilité et la cohérence des messages. Mais la langue est aussi un phénomène social, créatif et spontané qui s’adapte constamment à l’évolution des besoins. Ce caractère vivant donne lieu à l’incorporation de nouveaux mots, de nouvelles expressions et structures grammaticales. Cependant, selon Herra, négliger les règles fondamentales peut engendrer un chaos communicatif et transformer la langue en « tour de Babel », où la compréhension mutuelle se dissout.

La position de l’Académie royale espagnole (RAE) sur le sujet de la langue inclusive revêt une certaine importance. L’institution accrédite l’emploi du masculin grammatical comme genre non marqué au motif qu’il inclut tous les genres et que l’usage de doublets, comme « tous et toutes », ou de néologismes, comme « toustes », n’est pas nécessaire. Selon la RAE, ces pratiques sont inutiles et étrangères à la structure traditionnelle de l’espagnol. En outre, elle considère qu’elles altèrent l’économie et la fluidité de la langue, éléments essentiels à une communication claire et efficace.

De leur côté, les adeptes de la « langue inclusive » affirment que les formes traditionnelles de la langue perpétuent des inégalités en invisibilisant certains groupes. La langue ne serait donc pas seulement un moyen de communication, mais aussi un outil de changement social qui doit s’adapter pour refléter les valeurs d’équité et de diversité. Cependant ce qu’est exactement la « langue inclusive » ne fait pas consensus parmi ces groupes, ajoutant de la complexité au débat.

Le défi est de trouver l’équilibre entre la clarté linguistique et l’adaptation de la langue aux demandes de la société. Il est primordial de préserver la grammaire, la syntaxe et la ponctuation comme éléments structurels et de reconnaître en parallèle que la langue est en constante évolution. L’intégration des changements doit se faire avec méthode, sans altérer la capacité de la langue à communiquer des idées de manière efficace et précise.

Comme l’affirme Herra, le caractère vivant et créatif de la langue ne doit pas devenir confus et compromettre de ce fait sa principale fonction : communiquer avec clarté. L’espagnol est une langue qui évolue et est capable d’incorporer des changements reflétant la diversité sans perdre son essence. Il est néanmoins fondamental que ces changements se fassent naturellement et soient largement acceptés pour éviter que la langue ne perde sa cohérence et son efficacité.

Arcelio Hernández Mussio, ANTIO

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