Mot de la présidente : protéger la valeur humaine de nos professions à la JMT 2024

Alison Rodriguez, présidente de la FIT

Voilà bientôt deux ans que l’intelligence artificielle (IA) fait débat. Que fait-elle ? Comment l’utiliser ? Où nous mènera-t-elle ? Les discours se traduisent à présent en actions et des entreprises et gouvernements commencent à déployer l’IA sans supervision, notamment pour la traduction et l’interprétation. Nous avions alerté ; nous observons désormais les premières conséquences. Qu’il s’agisse d’erreurs de traduction aboutissant au rejet injustifié d’une demande d’asile ou de la regrettable mort d’une adolescente imputable à l’utilisation de Google Traduction par du personnel multilingue essayant de comprendre des formations sur les allergies fournies uniquement en anglais, dans bien des cas d’usage, l’IA n’est tout simplement pas au niveau. Nous avons récemment publié notre premier document de position sur l’utilisation de l’IA pour l’interprétation en réaction à l’avertissement de nos collègues de la JTP en République tchèque sur l’intention du gouvernement de remplacer les interprètes par de l’interprétation par IA non supervisée. La JTP a fait tout son possible pour prévenir le gouvernement. Nous attendons de savoir si ces alertes ont été entendues.

Ce numéro de Translatio reflète ces questions qui nous concernent tous et toutes. Notre travail créatif dépasse encore les capacités de l’intelligence artificielle, qui n’est actuellement efficace que sur des champs très limités. La créativité humaine et les contenus créés par des humains garderont toujours toute leur valeur, visible dans le nombre d’événements, organisés par l’ACTI, l’OTTIAQ, l’ACTTI, l’AMETLI, l’ANTIO et le CTPCBA notamment, autour des aspects créatifs et humains et surtout destinés aux nouvelles générations. L’AMETLI au Mexique et l’ASTRA au Sénégal accompagnent la relève par des ateliers et du mentorat assurés par des collègues d’expérience.

La prise de position de la SFT résume bien les enjeux du déploiement de l’IA pour nos métiers et en identifie les aspects préoccupants. Cette publication souligne la valeur de la créativité, l’expertise et l’intervention humaines, à ne pas sous-estimer. La possibilité essentielle de distinguer le contenu créé par des humains de celui généré par IA fait également souci. De plus, tarifs professionnels et conditions de travail subissent la pression de l’utilisation de l’IA, ce qui menace la viabilité future de notre profession. Pire, le battage médiatique autour de l’IA décourage les jeunes d’étudier les langues en général et la traduction, l’interprétation et la terminologie en particulier. Une menace existentielle de plus.

Ce n’est pas une coïncidence si le thème de cette année pour la Journée mondiale de la traduction est Traduire, tout un art à protéger. Répondre à ces menaces est vital pour que la profession perdure.

En phase avec le thème du copyright, le XXIIIe Congrès mondial de la FIT (du 4 au 6 septembre 2025) aura lieu à Genève, au siège de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), agence spécialisée des Nations Unies au service du développement d’un système mondial équilibré et efficace de propriété intellectuelle. En tant qu’agence de l’ONU, l’OMPI est attachée au multilinguisme et fournit des services d’interprétation pour ses réunions, ainsi que la base de données terminologique en 10 langues WIPO Pearl et l’outil de traduction automatique neuronale WIPO Translate.

J’ai le plaisir de vous rappeler que l’appel à contributions pour le XXIIIe Congrès mondial de la FIT est en ligne et que les nominations pour 2025 aux prestigieux Prix de la FIT sont ouvertes jusqu’au 16 novembre 2024. Vous trouverez plus d’informations sur ces récompenses et la procédure de nomination ici.

Nous avons hâte de vous retrouver à Genève en septembre 2025. Au nom du Conseil de la FIT, je vous souhaite une excellente Journée mondiale de la traduction.

Alison Rodriguez, president@fit-ift.org

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