Les machines peuvent-elles remplacer la traduction humaine ?

Le développement accéléré de la technologie et les avancées de l’intelligence artificielle (IA) nous conduisent à nous demander si la traduction humaine disparaîtra dans un avenir proche. Nous pouvons cependant affirmer que les machines ne pourront jamais afficher certaines qualités propres à l’être humain.

L’idée derrière la traduction est de faciliter la communication interculturelle à travers le langage. Bien que la traduction automatique ait opéré d’importants progrès, la complexité et la profondeur du travail des humains ne peuvent être parfaitement rendues par une machine, même en tenant compte du développement exponentiel de la technologie. La Real Academia Española (RAE) définit la culture comme « l’ensemble des modes de vie et coutumes, connaissances et degré de développement artistique, scientifique et industriel d’une époque, d’un groupe social, etc. ». Cette définition indique que la culture englobe non seulement les modes de vie et les coutumes, mais aussi un ensemble d’idées et de connaissances développé par un groupe dans différents contextes.

Par conséquent, traduire ne signifie pas uniquement maîtriser la langue d’une culture, mais aussi comprendre en profondeur ses modes de vie, ses connaissances et sa vision du monde. Cette compréhension est fondamentale pour transmettre avec précision des messages à des personnes qui ne connaissent ni la langue ni les coutumes de la culture d’origine. Le travail de traduction transcende la simple capacité à utiliser des systèmes et des structures linguistiques permettant de traduire des textes. Il exige une connaissance approfondie de la culture d’origine comme de la culture cible et les relie entre elles à travers la langue.

Sans l’intervention des traducteurs et traductrices, l’humanité n’aurait pas eu accès à une multitude de livres, de films, de séries télévisées et autres matériaux qui reflètent l’ingéniosité et la créativité de différentes personnes. La barrière linguistique aurait limité considérablement notre accès à ces ressources. Sans le travail accompli pour surmonter les obstacles, favoriser à travers l’histoire la compréhension interculturelle et concilier le savoir, la science et l’art d’autres réalités culturelles, le monde serait beaucoup plus isolé et probablement encore plongé dans l’obscurantisme culturel.

L’Asociación Nacional de Traductores e Intérpretes Oficiales (ANTIO) s’est attachée à faire prendre conscience à ses membres de la fonction historique essentielle du travail de traduction. Sa disparition ou son remplacement par des machines constituerait une grande perte pour l’humanité. Les jeunes promotions estudiantines ont la responsabilité d’acquérir une bonne compréhension de leur propre culture pour mieux apprécier les autres. Pour construire des ponts entre les cultures, commençons par nous connaître nous-mêmes. Il est impératif de promouvoir la culture pour perpétuer ce que d’illustres traducteurs et traductrices ont obtenu depuis l’antiquité : l’harmonie entre les peuples et le développement de la pensée critique grâce au partage des idées et des visions du monde.

Arcelio Hernández Mussio, président d’ANTIO (Costa Rica)

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