JIAMCATT, la Réunion internationale annuelle pour la traduction et la terminologie assistées par ordinateur, est un groupe de travail de l’IAMLADP (Réunion internationale annuelle des services linguistiques, de la documentation et des publications) et un forum de discussion, d’échange d’expertise et de coopération. JIAMCATT compte parmi ses membres la plupart des organisations internationales ainsi que diverses institutions nationales et organismes universitaires. La conférence 2024 s’est tenue en ligne et à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à Paris, du 6 au 8 mars.
Le thème était (R)évolution : La place de l’IA dans les professions linguistiques. 150 personnes sur place et 200 en ligne ont assisté à cette conférence présentant 3 orateur·rice·s d’honneur, 11 allocutions, des démonstrations de nouveaux outils, des études de cas, un débat de spécialistes et un atelier collaboratif.
Alors que la conférence de l’an dernier était principalement centrée sur les changements positifs que l’intelligence artificielle (IA) pouvait apporter, l’approche plus mûre de cette édition a mis en avant des dimensions inclusives et écologiques, à travers les notions d’autonomisation numérique et d’informatique verte.
Les technologies de la langue englobent un éventail d’applications de l’IA, certaines déjà bien établies (TAN, PE, S2T) et des nouvelles venues, en particulier dans la chaîne auteur-traduction-édition (ATP), telles que rédaction, qualité des sources, prétraitement et terminologie, extraction de connaissances et annotation sémantique de documents. Les grands modèles de langues (LLM) comme ChatGPT accélèrent le changement et leur variété facilite le choix de l’outil adéquat pour un objectif donné. L’IA appliquée aux services linguistiques comprend également l’utilisation d’un système de gestion de la traduction (TMS) répartissant les différentes étapes d’un flux de travail et générant des statistiques, comme c’est le cas pour l’organisation des réunions multilingues au Parlement européen.
Alors que les présentations ont mis en évidence les avancées positives et les flux de travail à l’œuvre dans les services linguistiques et de documentation des organisations, l’atelier collaboratif a permis des discussions plus approfondies. L’accent a porté sur l’effort de communication nécessaire entre les personnels intervenant en traduction, interprétation, terminologie, sciences documentaires, gestion de projet et informatique, concluant que « les services linguistiques devaient être proactifs dans la mise en place des nouvelles technologies ».
Le développement rapide d’outils linguistiques utilisant l’IA représente un changement de paradigme qui peut être perturbateur et, en dépit — ou à cause — de la variété des pratiques et des ressources des organisations membres, il est crucial de définir un cadre clair et partagé dans lequel elles puissent fonctionner.
Après trois jours intenses de conférences et de collaboration, JIAMCATT 2024 a répondu à une grande partie des attentes de l’auditoire, qui a exprimé le désir de sessions de partage d’informations plus spécialisées et de travail en réseau, notamment au sein des communautés JIAMCATT locales. JIAMCATT 2025 sera accueilli par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à Genève.
Pascale Elbaz, présidente du Groupe de travail Recherche de la FIT